Le Maroc est une nation où le riche patrimoine culturel se mêle à des traditions séculaires, créant une tapisserie de couleurs vives et d’art. Depuis des siècles, le royaume est réputé pour son artisanat du cuir exceptionnel, témoignage des mains habiles et de l’esprit créatif de ses artisans. Des souks animés de Marrakech, où l’arôme des épices se mêle au bourdonnement du marchandage, aux médinas labyrinthiques de Fès, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’industrie marocaine du cuir a prospéré, captivant le cœur et l’esprit des habitants et des visiteurs.
Dr. Hanane Thamik/
Depuis de nombreuses générations, les Marocains fabriquent de belles choses en cuir. Cette tradition remonte aux années 1300, c’est-à-dire il y a très longtemps, pendant la période du Moyen Âge. Les archives de cette époque montrent que le cuir marocain était réputé pour être très beau et avoir de beaux motifs. Les gens du monde entier connaissaient le cuir marocain et l’appréciaient. Le mot « maroquinerie » était utilisé pour parler des compétences de travail du cuir de chèvre et de mouton. La maroquinerie comprenait la fabrication de nombreux objets différents, comme des chaussures et des sacs.

Petit chaton marocain sous un magnifique sac en cuir ouvragé. Photo: Hanane Thamik
Les artisans du cuir au Maroc ont habilement fabriqué des chaussures comme des pantoufles aux motifs complexes en utilisant des techniques traditionnelles transmises de génération en génération. Certains ont créé des ceintures robustes avec des boucles ornées mettant en valeur un art raffiné. Des portefeuilles et des pochettes ont été méticuleusement cousus à partir de cuir élégant, doux mais durable. De plus, les artisans ont confectionné des sacs de différentes tailles et styles, des sacs à main compacts à bandoulière aux sacs fourre-tout spacieux, chacun témoignant d’ingéniosité et de créativité. Des chapeaux simples mais élégants ou des poufs en peluche pour se détendre ont transformé de humbles peaux en de beaux objets utiles. Cela a perpétué une tradition qui enchante les admirateurs du monde entier.
L’art du tannage
La célèbre industrie du cuir du Maroc repose sur un ancien artisanat de tannage. Les techniques n’ont pas beaucoup changé depuis plus de mille ans. Ce processus minutieux confère au cuir marocain ses qualités particulières : résistance, douceur et une finition riche et brillante. Le voyage commence par le choix de peaux de chèvre et de mouton de haute qualité. Les peaux passent par une série de processus de tannage traditionnels. Des ingrédients naturels comme des extraits végétaux, des huiles et des colorants sont souvent utilisés. Des artisans qualifiés appelés « maâlems » travaillent le cuir à la main. Ils utilisent des méthodes ancestrales pour l’assouplir, le teindre et lui donner la forme souhaitée.

Tanneurs à l’oeuvre à Fès. Photo: Bernard Gagnon, selon la permission dite Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic
Icônes de l’artisanat marocain
La babouche, une pantoufle confortable, représente l’artisanat marocain du cuir. Son cuir souple et ses motifs complexes mettent en valeur les artisans qualifiés. De même, les sacs en cuir marocains ont une beauté intemporelle et une qualité irréprochable, ce qui les rend convoités dans le monde entier. Les articles de maroquinerie marocains prospèrent grâce à leur patrimoine culturel et à leur impact économique. Dans les souks de Marrakech et les ateliers de Fès, la maroquinerie préserve les traditions et les moyens de subsistance. Son importance s’étend de l’artisanat ancien aux exportations modernes. L’essor de l’industrie illustre le riche patrimoine artisanal du Maroc et ses diverses influences culturelles. Les articles de maroquinerie, des babouches aux sacs, incarnent l’art et la résilience de la nation. Chaque pièce fabriquée avec soin reflète l’esprit durable de la créativité marocaine.
Les tanneries de Fès « Dar Dbagha »
L’histoire de la tannerie traditionnelle est liée à l’ancienne médina de Fès, au Maroc, où elle a été une véritable source de richesse, d’où le proverbe arabe « Dar Dbagha, Dar Edheb » (Une maison de tannerie est une maison d’or).
Le tannage et le corroyage sont un art pratiqué depuis des siècles selon des techniques ancestrales, faisant la renommée du Maroc dans le monde entier. Il a atteint son apogée dans le Royaume sous la dynastie des Almohades au XIIe siècle.
Vers l’an 1325, on comptait environ 86 maisons de tannerie dans la vieille ville de Fès, dont il ne reste actuellement que 3 maisons ; Chouara, Sidi Moussa et Ain Azliten.
Dans le cadre du programme de réhabilitation, ces trois maisons de tannerie ont également bénéficié d’un ensemble de programmes et de mesures d’accompagnement, comme des opérations de restauration et de réhabilitation, le label de qualité collective « cuir véritable », et l’acquisition d’équipements techniques.
Le tannage des cuirs et des peaux est une industrie qui stimule tous les sens. L’odeur piquante chatouille les narines et la matière finie est chaude au toucher.
A la tannerie Chouara de Fès, ce sont plus de 500 maîtres artisans qui travaillent chaque jour dans les 1 200 bassins de la ville.

La tannerie Chouara de Fès, la plus ancienne du monde étant encore en activité. Photo: Hanane Thamik
Agée de près de 900 ans, Chouara est considérée comme la plus ancienne tannerie du monde. C’est aussi la tannerie marocaine la plus célèbre et une marque de fabrique des produits locaux en cuir. C’est un artisanat très important pour l’économie du pays.
A Chouara, le tannage des peaux de mouton, de vache, de chèvre et de chameau est traité selon les mêmes techniques depuis mille ans, remontant au 12e siècle. L’ensemble du processus dure une trentaine de jours.
Constituées de nombreux bassins en pierre remplis d’une large gamme de colorants et de liquides divers, certaines tanneries attirent encore des artisans dont les visages souvent tendus cachent toute la joie et le dynamisme qui marquent leur métier.
Pour obtenir une peau brute prête à l’emploi, les tanneurs suivent trois grandes étapes. La première consiste à immerger les peaux pendant plusieurs jours dans des bassines remplies de chaux, de fientes de pigeon et d’ammoniaque.
Lors de la phase de teinture, les nombreuses cuves se transforment en palettes de couleurs naturelles : fleur de pavot pour le rouge, indigo pour le bleu, henné pour l’orange ou encore menthe pour le vert.
Enfin, les peaux sont rincées, puis séchées au soleil pendant trois jours.

Processus de séchage au soleil des peaux, à Fès. Photo: GNU Free Documentation License (GFDL), Creative Commons Attribution ShareAlike 2.0 Germany (cc-by-sa-2.0-de)
Le spectacle est impressionnant. Sous un soleil de plomb, des dizaines d’artisans travaillent pieds nus pour immerger leurs grandes peaux de cuir dans des centaines de cuves de toutes les couleurs.
Le modèle économique de la tannerie est profondément ancré dans la tradition mais a su évoluer et survivre au passage du temps, et emploie aujourd’hui plus de 300 familles. Cela peut paraître quelque peu surprenant car le tannage n’est pas un métier agréable ni particulièrement bien rémunéré – un tanneur gagne autant qu’un ouvrier non qualifié au Maroc, soit environ 2 500 dirhams par mois.
Mais la transmission de la tradition est profondément importante pour les familles du métier.
La plupart des tanneurs débutent leur métier parce que leur père est également tanneur. Cela leur permet de se lancer dans un métier où il faut généralement la recommandation d’un collègue.
Le processus de tannage traditionnel
Le processus de tannage est assez complexe et implique une série d’étapes :
-Obtention de la peau ;
-Séchage ;
-Trempage ;
-Chaleur ;
-Épilation et dépilage ;
-Battage et déchaulage ;
-Décapage.
L’obtention de la peau implique de tuer et d’écorcher l’animal avant que la chaleur ne quitte les tissus. Le salage de l’animal aide à prévenir la putréfaction du collagène et élimine l’eau des peaux. Le trempage des peaux dans de l’eau propre élimine les restes de sel et améliore l’humidité. Le chaulage consiste à mélanger les peaux et les cuirs avec de la chaux pour éliminer les poils et autres matières. L’épilation et le décapage utilisent des agents comme le sulfure de sodium pour éliminer mécaniquement les poils. Ils abaissent le pH du collagène pour le traitement enzymatique et l’adoucissement. Le décapage implique un traitement au sel et un mélange avec de l’acide sulfurique pour le tannage. Cela facilite la pénétration du tannage minéral.
Le produit en cuir le plus précieux !
Les babouches Ziwani sont, à côté du chapeau Fez rouge, un symbole du Maroc. D’une belle couleur jaune obtenue naturellement par le tannage du cuir de chèvre au Safran, la babouche Ziwani est depuis des siècles un signe de luxe. Elle doit son nom à Haj Ziwani, un créateur de chaussures spécialisé dans la création de ce produit et qui vivait à Fès. L’une des meilleures qualités de ces babouches est leur souplesse et leur légèreté à côté de leur design exquis.

Artisane teignant le cuir en employant la teinture traditionnelle au safran. Photo: Hanane Thamik
Nouvelles marques de luxe
Nous avons ici pour vous deux marques de luxe remarquables qui sont 100% marocaines :
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Amaris :
Leur atelier familial a été fondé en 1962 au cœur de la ville de Marrakech ‘la médina’, par le père fondateur ‘Amaris’, il s’inscrit dans la tradition de la maroquinerie marocaine.
Inspiré par la culture de la ville rouge, son architecture et les valeurs humaines de ses habitants, leur savoir-faire se transmet de père en fils.
Les produits Amaris sont fabriqués à ce jour avec des méthodes artisanales qui mettent en œuvre tous les processus et règles de la conception d’un produit de luxe. C’est pourquoi ils utilisent des matériaux respectueux de l’environnement.
Cette marque est le fruit d’une collaboration entre plusieurs artisans de Marrakech qui travaillent avec soin et amour.
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Miratti :
Cette marque est née d’un besoin personnel de sa propriétaire pour devenir une marque émergente qui propose des sacs luxueux faits main. L’histoire de la création de cette marque la pousse à se concentrer sur la création d’articles qui répondent aux attentes et aux besoins des clients en prêtant attention aux détails afin que ces articles facilitent votre quotidien.

Créateur-artisan de la maison Miratti. Photo: Hanane Thamik
Ceux-ci ne sont que deux exemples de compagnies marocaines reconnues pour leur excellence dans le domaine de la maroquinerie. Il en existe cependant de nombreuses autres qui pourraient tout autant être mentionnées. Le Maroc bénéficie, en fait, d’une position particulièrement avantageuse pour exercer sa force dans le domaine du cuir. En effet, il ne s’agit pas ici d’une industrie embryonnaire ni d’un secteur d’activité qui renait après plusieurs décennies de dormance comme c’est le cas dans certains autres pays du globe. La maroquinerie est enracinée dans les us et coutumes du Maroc et en est un trésor inestimable.
Le Maroc se trouve donc à la fine pointe d’une industrie millénaire. Le défi pour la maroquinerie marocaine est donc d’aller au delà et de projeter sa production et sa réputation de qualité aux quatre coins de la planète, en employant les nouveaux moyens de diffusion, marketing et commercialisation qu’offre cette deuxième moitié de la décennie 2020. Voilà l’aspect qui sera exploré plus en détail dans la partie 2 de cet exposé sur la maroquinerie marocaine d’aujourd’hui.
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